Editorial de Olivier Epaulard, co-président du COREVIH arc alpin, et professeur d’infectiologie au CHU Grenoble Alpes
Le COREVIH Arc Alpin va disparaitre … pas les Alpes sans sida
Chères toutes, chers tous,
C’est un sujet qui a pris beaucoup de place dans les corevih depuis 2 ans : quelle articulation doit-elle être faite entre les corevih et la santé sexuelle ? Doivent-ils en être les coordinateurs, et que celle-ci devienne leur raison d’être (et dans tous les secteurs que recouvre le terme « santé sexuelle ») ; ou bien doivent-ils continuer à être des acteurs de la lutte contre le VIH, les IST et les hépatites, mais en donnant plus de place à l’approche en santé sexuelle dans ce champ ?
Après des débats et des réflexions en plénière à de nombreuses reprises, la position que portait le corevih Arc Alpin était celle de garder la lutte contre le VIH, les IST et les hépatites comme boussole, comme raison d’être ; il nous paraissait que l’objectif « fin du sida en 2030 » ne pourrait qu’être mis en danger par un passage au second plan de la lutte contre le VIH ; il ne semblait pas pertinent de mettre fin aux corevih pour les transformer en « CoReSS ».
Après un parcours guère transparent, particulièrement long, et après que de nombreux appels de la part des corevih pour plus de travail collaboratif soient restés à peu près sans réponse, l’orientation de la DGS a finalement été dévoilée début mai.
Les orientations qui sont données par la DGS sont les suivantes :
– les corevih disparaissent, remplacés par des instances de coordination régionale en santé sexuelle (sans doute, donc, « CoReSS ») ;
– la santé sexuelle est le centre de l’activité du CoReSS ;
– Les populations ciblées ne sont pas encore précisées, et une orientation population générale est possible ;
– les missions épidémiologiques disparaissent (le seul acte dans ce domaine sera « s’assurer de la DO VIH », mais sans l’effectuer) ; il n’y aura plus de recueil de données quant aux PVVIH, à la PrEP, au TPE … (il est évoqué que l’ARS puisse ponctuellement financer si elle le souhaite le recueil de telle ou telle donnée ; mais il est probable par exemple que le financement de Nadis disparaisse) ;
– plus généralement, le CoReSS ne sera pas un effecteur : il devra coordonner les acteurs en santé sexuelle pour veiller à la bonne déclinaison de la stratégie en santé sexuelle, mais pas agir en tant que comité (ce qui est une position à la fois très théorique et assez irréaliste …)
– la composition du comité change : la répartition entre les différents collèges (prof. de santé, représentants d’établissement, membres d’association, représentant des publics concernés, …) sera moins cadrée, et dans les faits n’assure plus la représentation de toutes les parties prenantes, en particulier les représentant.e.s d’usager.e.s.
En parallèle, l’ARS AuRA nous a fait part de son souhait de régionalisation de ce CoReSS : avec la possibilité d' »antennes » dans les 3 territoires, ce qui serait très différent de l’organisation actuelle, et très centralisé.
Ainsi, les corevih deviennent une autre instance, avec d’autres champs d’action, avec une autre façon de coordonner les actions, et avec une composition différente.
On pourrait se dire que c’est exactement ce dont nous ne voulions pas lorsque l’on en discutait en plénière ; et que les inquiétudes sur ce que va devenir la lutte contre le VIH en France sont plus que jamais présentes (sans compter la question du devenir des salariées du corevih).
Et maintenant : que faire ?
Quelques réflexions parmi celles dont on pourra débattre lors de la plénière extraordinaire de vendredi 17 mai : si les ballons d’essais préliminaires actuels se confirment, si les arbitrages vont bien dans ce sens, les conclusions seraient :
1) le corevih Arc Alpin disparait, et il n’y aura sans doute pas de CoReSS Arc Alpin ;
2) un CoReSS AuRA va être mis en place ; il y aura beaucoup de pertinence pour plusieurs structures actuellement membres des corevih à en faire partie ;
3) le texte de décret régissant cette transition au niveau national doit être communiqué pour relecture aux corevih dans les jours qui viennent, sans la co-construction que nous appelons de nos vœux depuis 2 ans.
… et 4) : tout ce qui a été fait au corevih Arc Alpin depuis 7 ans, tout ce que nous avons construit comme façon de travailler, toutes les approches que nous avons développées, et dont nous voyons l’impact en termes épidémiologiques – tout cela peut continuer avec Vers des Alpes sans sida : nous pouvons continuer à œuvrer ensemble, dans un cadre probablement associatif, avec une dynamique différente mais toujours présente ; et c’est cela, sans doute, qu’il faut qu’on construise dans les mois qui viennent.
Rendez-vous donc ce vendredi 17 mai en visio (12-14h), et le 17 Juin après-midi pour la plénière de clôture
A bientôt à toutes et tous,
Olivier Epaulard
co-président du corevih Arc Alpin
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