Editorial – Olivier Epaulard, Président du Corevih Arc Alpin, infectiologue CHU Grenoble-Alpes
Chères toutes, chers tous,
2024 est bien entamée… quoiqu’on ne soit pas certain qu’elle ait bien commencée ?
Plusieurs prises de paroles politiques et l’émergence de certains débats autour de thèmes majeurs de la lutte contre le VIH nous ont alarmé.e.s les un.e.s et les autres : la loi immigration telle qu’elle avait été votée après diverses péripéties parlementaires contenait de nombreuses attaques inacceptables du statut des étrangers et de leurs possibilités et conditions de séjour ; son retoquage par le conseil constitutionnel ne s’est pas vraiment fait sur la base de valeurs du vivre-ensemble ou de considérations de santé publique, mais sur des arguments de procédures ; la reprise qui s’annonce du débat sur l’aide médical d’état incite à la vigilance, tant ce dispositif est agité comme un chiffon rouge électoral, à coups de présentations tronquées ou malhonnêtes d’un étranger profiteur en « tourisme médical ».
La dynamique à venir de l’infection par le VIH va très directement découler des décisions qui vont être prises dans ces domaines ; l’accès de différentes populations à l’information, à la prévention, au diagnostic et au soin en dépendra.
Cela donne une particulière importance aux différentes action conduite par et/ou avec le Corevih Arc Alpin : plaidoyers auprès du législateur, pour mettre en lumière l’absurdité de certaines mesures et empêcher qu’elles l’emportent au parlement ; maintien du lien construit avec certain.e.s élu.e.s, pour qu’ils/elles puisse être des relais de notre vision ; accompagnement des différentes collectivités de nos départements vers l’adhésion au mouvement « Fast-track cities » de contrôle effectif de la pandémie (avec par exemple l’engagement public de plusieurs villes et conseils départementaux de Savoie, Haute-Savoie et Isère le 1er décembre dernier) ; travail avec les préfectures pour favoriser les droits au séjour en cas de maladie…
Il est très probable que lors des différentes échéances électorales à venir, ces thématiques seront instrumentalisées, voire que des décisions délétères soient prises et des lois contre-productive mises au vote ; dans la perspective des Alpes sans Sida, ce sera aussi une tâche des Corevih – diffuser l’expérience et l’expertise, poursuivre le travail au sein du collectif des « 10 choix politiques« , continuer le plaidoyer au plus haut niveau : c’est la fin de la pandémie qui est en jeu.
Bonne fin d’hiver à tou.te.s,
Olivier Epaulard