Editorial, Pr Olivier Epaulard, Président et infectiologue, CHU Grenoble Alpes
Cher.e.s tou.te.s,
En ces jours de déconfinement prudent et d’incertitudes multiples, quelques évènements convergents nous parlent d’avancées dans les moyens de lutte contre les infections :
- d’une part, si le Conseil d’état a refusé le 28 janvier que les médecins généralistes puissent initier la PrEP (avec l’argument discutable que les médicaments anti-VIH ne pouvaient être introduits que par un spécialiste … Ce qui parait encore légitime pour un traitement curatif ; mais pour un traitement préventif ?), la Haute autorité de santé a estimé au contraire le 28 avril qu’il était souhaitable et pertinent que les personnes concernées puissent débuter une PrEP sans avoir recours à une consultation spécialisée. De nombreux médecins généralistes du territoire de l’Arc Alpin ont déjà répondu favorablement à une proposition de formation sur cette thématique (et d’autres dans le domaine de la santé sexuelle) : cela augure d’une plus large extension de l’usage de la PrEP, outil indispensable pour « Vers les Alpes sans Sida en 2030 » ;
- d’autre part, la campagne vaccinale anti-Covid-19 devant prendre l’ampleur suffisante pour vacciner tous les adultes d’ici le cœur de l’été (sans compter les mineurs dont le tour viendra rapidement), certains soignants ont enfin la possibilité de prescrire (et pas seulement injecter) le vaccin : c’est par exemple le cas des infirmier.e.s. La suppression de ce verrou était attendue depuis longtemps pour d’autres vaccins (déjà acquis pour la grippe) ; elle préfigure sans doute l’extension des compétences des non-médecins à de nombreux autres champs … dont la PrEP ? (son suivi s’effectue déjà dans certains pays par des infirmier.e.s) ; ou la prescription d’autres vaccins (HPV, hépatite A, hépatite B …) ; ou la prescription de préservatifs avec remboursement (telle qu’elle est prévue par la/le médecin généraliste actuellement) ; ou la prescription des sérologies et autres recherches d’IST au laboratoire …
- cela résonne avec le projet que le COREVIH met en place de TPE donné en urgence par des non-spécialistes ou des non-médecins ou non-soignant.e.s (tou.te.s formé.e.s).
Permettre à chacun.e d’avoir accès à la prévention et au dépistage, avec les acteurs de santé les plus proches de chez elle ou chez lui, y compris dans l’urgence : il y a longtemps que les acteurs de la lutte contre le VIH savent que c’est un enjeu important ; peut-être la crise actuelle permettra-t-elle de faire advenir ces dispositifs de proximité.
Bon mois de mai à tou.te.s !
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